L’activité d’un agriculteur ne dépend pas seulement de ses compétences et de son implication. Il arrive qu’il soit soumis à des aléas remettant en question la qualité – ou la quantité – de la récolte à venir, et par là même l’utilité des moyens prévus pour assurer les tâches inhérentes. Beaucoup, en ce début 2021, ont notamment été impactés par le gel tardif et doivent repenser leur stratégie afin de s’assurer un revenu alors que la récolte est compromise. L’entraide peut les y aider, de plusieurs façons.
Le partage de temps des salariés plutôt que le licenciement
La perspective d’un revenu annuel largement amputé peut encourager un agriculteur à se séparer d’une main-d’œuvre devenue une charge financière trop lourde. Cela peut s’avérer une erreur pour la suite, d’autant que d’autres solutions existent.
Tout d’abord, le bon personnel est difficile à trouver. Se séparer d’employés compétents et fiables à cause d’une période délicate induit la nécessité de retrouver l’année suivante la main-d’œuvre nécessaire à assurer une production plus importante. Une perte de temps accompagne l’incertitude de retrouver les personnes disponibles ou d’en trouver d’aussi capables. Mieux vaut donc, trouver à les occuper autrement tout en finançant leur rémunération.
Outre les mesures gouvernementales pouvant aider à « sauver les meubles », un agriculteur dans cette situation a tout intérêt à penser à l’entraide. D’autres agriculteurs autour de lui, n’ayant pas été impactés par l’aléa climatique, sont probablement à la recherche d’un complément de main-d’œuvre, même temporaire.
En poussant plus loin le raisonnement, ce prêt peut permettre de capitaliser pour les années futures : un agriculteur ayant reçu de l’aide sera ravi d’en apporter à son tour lorsque le cas de figure inverse se présentera.
L'échange de matériels temporairement inutiles
Une machine agricole prenant la poussière ne constitue pas un investissement rentable, loin s’en faut. A la manière d’une voiture, sa présence coûte de l’argent et sa côte de revente diminue d’année en année. En l’absence de récolte, et de manière plus générale dès qu’elle n’a plus d’utilité immédiate sur l’exploitation agricole, mieux vaut l’engager dans une démarche d’entraide.
Le principe est le même que précédemment : un autre agriculteur débordé sera ravi de pouvoir utiliser la machine, et ouvert à prêter les siennes lorsque son activité le permettra. Même engagées dans une CUMA, il est utile de faire la démarche de proposer le prêt de machines : si d’ordinaire l’agriculteur l’utilise durant une période, ses partenaires n’auront peut-être pas le réflexe de signaler un besoin de renfort. Ils partiront du principe que la machine n’est pas disponible. La communication est ici primordiale, verbale ou optimisée grâce à un outil de suivi de l’entraide.
Ajoutons que le prêt d’une machine peut être accompagné du prêt du conducteur : faites d’une pierre deux coups et sauvez l’année de deux ressources simultanément !
La diversification de l’activité pour limiter les risques
En dernier lieu, et c’est un conseil applicable à tous, diversifier son activité permet de conserver un revenu quel que soit l’aléa rencontré. La démarche peut être de la polyculture, mais pas seulement. Une exploitation agricole et les ressources que l’on y trouve peuvent fournir un revenu de diverses manières. Vous pouvez par exemple envisager :
- Un complément d’élevage ;
- La vente directe à la ferme ;
- Le dépôt-vente de produits, de l’extérieur vers votre point de vente ou de vos produits auprès de divers commerçants locaux ;
- Le développement d’activités à la ferme : visites, jeux, évènements ;
- La création de gîtes ou chambres d’hôtes.
Il est bien évident qu’un agriculteur impacté par le gel de ce printemps 2021 et n’ayant pas anticipé en assurant d’autres sources de revenu, sera bien en peine de sauver l’année. Il gagnera du temps pour mettre les activités complémentaires en place, mais celles-ci ne seront efficaces, visibles et reconnues que l’année suivante pour le moins.
Les quelques idées apportées ici sont susceptibles, nous en sommes convaincus, de soulager bon nombre d’agriculteurs en difficultés. N’hésitez pas à sonder vos voisins quant à leur situation afin de déterminer quelle aide vous pourriez leur apporter ! Il n’est pas toujours aisé d’évoquer ses problèmes…