Peut-on vraiment prendre des vacances quand on dirige une exploitation agricole qui exige une présence quotidienne ? La réponse est oui !
Dans cet article, découvrez tout ce qu’il faut savoir sur le remplacement agricole :
- Motifs : congé de formation, maladie, vacances, engagement dans l’économie locale, etc.
- Démarches pour trouver un remplaçant agricole.
- Coûts du salarié.
- Crédit d’impôt pour un remplacement agricole.
Les motifs de remplacement
Développer ses compétences lors d’une session de formation, prendre des vacances à la mer avec sa famille, s’occuper de ses jeunes enfants, se reposer après un accident ou une opération : on a tous une bonne raison d’arrêter de travailler quelques heures, quelques jours ou quelques semaines.
Mais quand on dirige une exploitation agricole, notamment dans les activités d’élevage, il n’y a pas de répit. Les vaches ont besoin de deux traites quotidiennes, les jeunes agneaux doivent être surveillés quotidiennement, la porcherie est nettoyée plusieurs fois par jour, etc.
D’ailleurs, les statistiques sont parlantes : plus de la moitié des éleveurs ne prennent pas de vacances. Et ceux qui en prennent partent généralement 2 ou 3 jours, le temps d’un week-end. C’est nettement moins que les salariés, dont les salariés agricoles, qui disposent de leurs 5 semaines de congés légales (+ RTT) ; ou que les autres indépendants et chefs d’entreprises, qui s’octroient en moyenne entre 4 et 7 semaines par an.
Les vacances : un sujet qui ne devrait plus être tabou en agriculture !
Pourquoi les agriculteurs ne s’accordent-ils pas plus de temps de repos ? Est-ce lié aux coûts uniquement ? Peut-être que c’est aussi culturel ? Ou peut-il qu’il est difficile pour certains chefs d’exploitation de déléguer et de faire confiance à une tierce personne ?
En tout cas, les jeunes agriculteurs sont aujourd’hui nombreux à intégrer les coûts de leurs congés dans leurs comptes d’exploitation prévisionnels. Pourquoi ? Les vacances leur permettent de se reposer, de réfléchir aux solutions pour améliorer la rentabilité de leur entreprise, de faire de nouvelles rencontres ou d’améliorer leurs relations familiales.
Un exploitant en vacances n’est donc pas un exploitant qui perd de l’argent : tout ce qui peut contribuer à son bien-être est un plus pour revenir motivé au travail, boosté et plein de nouvelles idées.
Le coût du remplacement agricole ne devrait pas être une variable d’ajustement dans un contexte où les exploitants séparent de plus en plus biens privés et biens de l’entreprise. En évaluant précisément les coûts d’un remplaçant et en les rapprochant des coûts d’exploitation totaux, on se rend souvent compte qu’ils représentent une toute petite part (comparativement aux frais d’alimentation des animaux, de patrimoine, de machines, etc.).
Alors, si vous en ressentez le besoin, prenez le temps de réfléchir aux coûts, aux impacts et aux avantages. C’est d’ailleurs le but de cet article : vous donner un maximum d’informations sur le remplacement agricole.
Combien coûte un remplaçant agricole ?
Commençons par le plus gros problème : les coûts.
En moyenne, le coût horaire d’un salarié s’élève à 21 €. Le dimanche et les jours fériés, le tarif monte même à 30 €/heure.
Coût total du salarié pour l’employeur
Voici les différents coûts “cachés” qu’il convient de prendre en compte :
- remboursement des frais de trajet ;
- versement d’une prime de précarité en fin de contrat (10 %) ;
- indemnité compensatrice des congés payés ;
- journée(s) de formation (temps + argent) ;
- élaboration de la fiche de paie ;
- frais de recrutement ;
- assurances et mutuelle.
⇒ C’est ainsi qu’un remplacement agricole coûte en moyenne entre 130 et 150 € la journée. Pour une semaine de vacances, c’est donc un budget de 910 à 1050 € (voire plus en fonction des heures supplémentaires).
Les aides : le crédit d’impôt pour un remplacement agricole
Heureusement, depuis 2006, le gouvernement a mis en place une aide pour le remplacement agricole. Elle est prolongée -pour l’instant- jusqu’au 31 décembre 2022.
Qui peut en bénéficier ?
Vous trouverez toutes les informations dans le Bulletin Officiel des Finances Publiques.
Il faut :
- Être imposé en France dans la catégorie des bénéfices agricoles (exploitant individuel, société et associés).
- Diriger une entreprise qui exige une présence quotidienne (ex : élevage, ou autre exploitation en fonction de votre calendrier de travaux).
Quelles sont les dépenses concernées ?
Les dépenses qui ouvrent droit au crédit d'impôt sont uniquement les dépenses engagées pour assurer le remplacement de l’exploitant agricole non salarié.
Quel est son montant ?
Le montant de ce crédit d’impôt est de 50 % des dépenses de personnel, dans la limite de 14 jours. Il est calculé en fonction du taux horaire minimum en vigueur durant l’année en cours. Ainsi, le coût de référence est de 2 082 € (crédit d’impôt de 1 041 €).
Quelles sont les démarches ?
Pour en bénéficier, il faut remplir le document Cerfa n° 12977*12. Les démarches varient en fonction de votre statut :
Bon à savoir !
Il est possible de bénéficier de cette aide pour le remplacement agricole lors de l’embauche de votre enfant de moins de 25 ans.
Si le montant du crédit d’impôt est supérieur à l’impôt dû, l’excédent vous est restitué.
Ainsi, l’embauche d’un salarié à 35 heures/semaine, sur 2 semaines, et au SMIC, vous coûtera environ 800 € (+ mutuelle, + frais divers, + frais de fin de contrat, + heures supplémentaires éventuelles, + travail le dimanche). Le crédit d’impôt vous remboursera la moitié.
Notez qu’en fonction de la commune où vous habitez et des différents dispositifs d’allégements fiscaux, le montant peut varier. Renseignez-vous auprès de votre comptable ou de la MSA !
Où trouver un remplaçant agricole ?
Trouver un remplaçant en qui vous avez confiance pourrait bien être la démarche la plus stressante, et celle qui prend le plus de temps.
Vous avez plusieurs solutions, et chacune a ses avantages et ses inconvénients.
Voici les compétences du parfait remplaçant :
- Il dispose de connaissances techniques (utilisation des machines, alimentation des animaux, etc.).
- Il est autonome.
- Il sait s’adapter à de nouveaux modes de fonctionnement.
- Il est fiable.
Les démarches pour l’embauche
Lors de l’embauche de tout salarié, certaines démarches sont obligatoires :
- Effectuer la DPAE (déclaration préalable à l’embauche).
- Inscrire votre salarié sur le registre unique du personnel.
- Rédiger un contrat de travail.
- Si c’est une première embauche :
- Informer la DIRECCTE (Directions Régionales des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi).
- Souscrire une assurance.
- Rédiger le DUER (Document Unique d’Evaluation des Risques professionnels).
- Mettre à disposition du salarié la convention collective applicable.
Vous pouvez utiliser le TESA simplifié, qui vous permettra de gagner du temps (DPAE + fiche de paie).
Nos conseils pour bien former votre remplaçant agricole
Pour être certain que tout se passe au mieux durant votre absence, il est nécessaire de former un minimum votre remplaçant sur une ou deux journées.
Vous pouvez :
- Lui expliquer exactement ce qu’il doit faire (montrer, puis laisser faire pour être certain de la compréhension).
- Créer un planning avec les tâches à effectuer.
- Tout préparer pour qu’il gagne du temps.
- Lui demander de vous appeler à chaque prise de poste, puis en fin de journée de travail.
- Évaluer sa capacité à prendre des décisions avec des “études de cas” : Par exemple : “Que fais-tu si un agneau semble malade ?”.
Conclusion : alors les vacances, c’est pour quand ?
Vous l’avez compris, il est tout à fait possible de trouver la bonne personne pour vous remplacer...à condition de vous en donner les moyens et d’accepter de prendre du temps pour vous.
Vous pouvez dès à présent déposer votre offre sur Mission et planifier vos prochaines vacances à la mer, à la montagne ou chez des proches.